Jeudi 9 novembre, je me suis rendu au Secours Populaire de Villefranche-de-Rouergue. De plus en plus de personnes ont faim et froid dans notre pays, alors que l’inflation se situe toujours à 5% cette année, et qu’elle est plus forte pour les produits alimentaires et énergétiques. L’inflation alimentaire se situe à 20% sur deux ans. Elle touche tant les produits frais (+10,6 % en juillet sur un an), comme les fruits et légumes, que les autres produits d’alimentation (+13% en juillet sur un an) tels que le pain, les céréales, la viande, le fromage ou les boissons. La hausse des prix a été dopée par les profits des grands industriels de l’agroalimentaire et de la grande distribution.
Les gens se serrent la ceinture et sont de plus en plus nombreux à ne pas manger à leur faim. En conséquence, les achats alimentaires des Français ont diminué de 11,4% en volume selon l’Insee, entre le dernier trimestre 2021 et le deuxième trimestre 2023, une chute de la consommation alimentaire sans précédent depuis les années 1980. 43% des Français n’achètent plus ou achètent de la viande en moindre quantité qu’avant, 20% renoncent ou achètent moins de fruits, de même que 10% laissent tomber les produits pour le petit-déjeuner. 1 Français sur 6 a déclaré ne pas pouvoir manger à sa faim à la fin de l’année 2022.
A l’invitation des équipes de bénévoles du Secours Populaire sur place, j’ai participé à la distribution alimentaire qui se tient les jeudis matin. Le Secours Populaire de Villefranche compte 80 bénévoles très réguliers et d’autres qui viennent aider lors de périodes particulièrement chargées, comme les Fêtes de Noël. Il s’agit d’une association très dynamique, solidement ancrée dans le Villefranchois qui travaille de concert avec de nombreuses structures, mairie, café associatif et autres associations caritatives, lycées du territoire… C’est aussi un lieu de lien social essentiel, avec de l’aide administrative fournie, des anciens bénéficiaires qui aident à leur tour, un espace lecture aménagé pour petits et grands…
J’ai longuement échangé avec les bénévoles, ces femmes et ces hommes qui consacrent tant de temps et d’énergie au service des autres. Ils m’ont surtout fait part de leur inquiétude face à un public accueilli de plus en plus nombreux. La situation de précarité alimentaire fait système. Les bénévoles du Secours Populaire m’ont ainsi informé recevoir de nombreuses personnes en très grande difficulté pour payer leurs factures d’énergie, ils leur apportent également un grand secours dans leurs démarches administratives. Beaucoup de gens viennent au Secours directement, sans passer par des assistantes sociales, et se trouvent souvent démunis face à des délais administratifs très longs des caisses d’assurance retraite ou des organismes de la Sécu.
Toutes ces difficultés témoignent d’un dysfonctionnement généralisé des services publics, qui ne parviennent pas à répondre correctement à la pauvreté grandissante dans notre pays. De la même manière, les bénévoles du Secours Populaire m’ont assuré que ce serait déraisonnable et contreproductif de forcer les personnes touchant le RSA à effectuer du bénévolat dans leur structure ou dans d’autres pour continuer à toucher cette prestation, car le bénévolat repose sur des personnes donnant de leur temps de manière volontaire et non contrainte.
Cette visite permet d’illustrer l’échec généralisé du Gouvernement à endiguer la grande pauvreté dans notre pays. Face à la précarité alimentaire et à l’explosion des prix de l’énergie, l’exécutif sous investit chroniquement dans les services publics de notre pays, abandonnant des agents qui croulent sous les dossiers et ne sont pas toujours formés correctement pour aider les citoyens. Les maisons France Services n’apportent pas de réponse adaptée à ces problèmes, de même que la dématérialisation des services publics, sous couvert d’économies, cassent le lien social. La stigmatisation des Français les plus modestes touchant le RSA poussent les agents, malgré leur résistance, à délaisser l’accompagnement social qui est pourtant nécessaire pour se tirer de la grande pauvreté. Face à l’urgence sociale, le Gouvernement ne propose que l’abandon et la répression.
J’aurais aimé porter des propositions pour sortir de cette précarité qui se généralise lors de l’examen du Projet de Loi de Finances 2024. Mais le gouvernement et Elisabeth Borne ne nous ont même pas laissé la possibilité d’aborder les crédits budgétaires de missions essentielles, comme celles consacrées à la lutte contre la pauvreté, ou à la solidarité. Sans politique volontaire pour augmenter les salaires, bloquer les prix des denrées et de l’énergie et taxer les superprofits, l’Etat se condamne à se reposer toujours plus sur les associations comme le Secours Populaire et leurs bénévoles. Cette situation n’est pas acceptable.
Je tiens à remercier chaleureusement les bénévoles du Secours Populaire pour leur accueil et toutes les personnes qui œuvrent au quotidien afin de rendre notre société plus juste et solidaire. Je continuerai à me battre à l’Assemblée nationale pour porter des propositions garantissant les conditions d’une vie digne pour tous.