Depuis l’année dernière, une journée nationale des aides à domicile a été fixée chaque 17 mars. C’est l’occasion de rendre hommage à ces professionnels, essentiellement des femmes, qui prennent soin de nos aînés et sont indispensables pour permettre le maintien à domicile des personnes âgées. C’est un sujet majeur pour notre société : la majorité de nos aînés souhaite rester le plus longtemps possible à domicile et en 2050, ils seront 4,5 millions à nécessiter un tel accompagnement.
C’est pourquoi j’ai été heureux de me rendre à l’Espace André Jarlan de Rignac le vendredi 15 mars pour participer à la journée nationale des Aides à Domicile organisée par les ADMR de Lanuéjouls, Montbazens et Rignac. Je suis toujours ému de dire à ces femmes dévouées au service de nos anciens combien elles sont essentielles à notre société et ma détermination à agir avec mon groupe LFI-NUPES pour obtenir des avancées à l’Assemblée Nationale.
Dans la continuité de cette journée, nous avons décidé avec Monsieur Gilles Foudral, président de l’ADMR « La Caselle » de Villefranche et qui intervient également sur les communes de Martiel, Savignac, La Rouquette et Vailhourles, de nous saisir de cette date symbolique pour organiser notre propre journée d’hommage à ces indispensables et débattre de sujets essentiels à cette profession.
Ainsi, j’ai eu la chance de participer à une immersion aux côtés de professionnelles de l’aide à domicile auprès de deux bénéficiaires dans le Villefranchois. Les aînés chez qui je me suis rendu reçoivent deux visites quotidiennes, cinq jours dans la semaine. J’ai pu constater le lien affectif très fort qui lie ces femmes aux bénéficiaires. La première personne chez qui je me suis rendu me disait « Elle fait partie de la famille ». La relation de confiance qui lie nos anciens à ces professionnelles est évidente.
Aide indispensable à l’entretien de la maison, à la préparation et à la prise des repas, soutien moral et confidente à qui raconter sa journée et ses péripéties quotidiennes, l’aide à domicile est une personne incontournable dans la vie des bénéficiaires. Elle leur permet de lutter contre l’isolement, qui est un facteur accélérant la dégradation de la santé mentale de nos anciens et compromet leur autonomie. Des initiatives voient le jour un peu partout dans notre pays, comme à l’ADMR La Caselle, qui propose à ses bénéficiaires de se réunir une après-midi par semaine pour partager des activités communes. Mais de nombreuses contraintes existent, comme le coût du transport des personnes âgées, notamment dans nos départements vastes et ruraux, l’absence de moyen de transport adapté ou des moyens insuffisants pour en acquérir.
Ces questions très concrètes, nous les avons évoquées dans la soirée qui a suivi, à la salle du Sénéchal de Villefranche, où plus d’une vingtaine de présidents d’ADMR du secteur, des bénévoles et des professionnelles aides à domicile étaient réunis à l’occasion d’une soirée débat.
Monsieur Foudral a lancé la discussion en présentant brièvement le réseau ADMR, plus de 100 000 salariés en France et plus d’un million de personnes prises en charge au quotidien. L’ADMR est un acteur incontournable du maintien à domicile.
Parmi les points saillants du débat, celui des difficultés de recrutement, de la nécessaire revalorisation du métier d’aide à domicile, de la fatigue physique et mentale engendrée par ce métier, qui demande une adaptabilité, une disponibilité et un sens de l’écouté prononcés. La réforme du service de l’autonomie, dont nous avons eu un premier aperçu dans le PLFSS 2023, le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale, doit être suivie avec attention. Plusieurs constats font largement consensus dans le pays, en premier lieu desquels la nécessité de permettre à nos aînés de rester au maximum chez eux. La coordination entre l’aide à la personne et les soins fait partie des chantiers prioritaires pour tendre vers cet objectif. Mais comme je l’ai rappelé, pour se donner les moyens de ces ambitions, il faut absolument que le gouvernement augmente le budget dédié au maintien à domicile. Mes collègues députées Caroline Fiat, vice-présidente LFI-NUPES de l’Assemblée Nationale et Monique Iborra ont estimé dans un rapport dédié les besoins de financement supplémentaires à 10 milliards d’euros par an. Nous n’avons de cesse de proposer de chercher cet argent qui manque chez ceux qui accumulent les super profits, mais ces propositions de bon sens sont systématiquement refusées par la macronie.
Et pourtant, les besoins sont là. Dans notre débat du soir, l’idée principale qui est remontée est que le métier d’aide à domicile peine à attirer des jeunes et à recruter. Les salaires et perspective d’évolution de carrière proposés ne sont pas satisfaisants. Une revalorisation des salaires ou encore un équipement matériel adéquat font partie des priorités pour faire venir davantage de monde. A ce titre, l’équipement en véhicules de fonction est une avancée importante, mais il faut aller plus loin.
Parmi d’autres problèmes freinant le recrutement, les professionnelles ont avancé des journées éclatées avec parfois de longs temps d’attente entre deux interventions qui ne sont pas comptabilisés comme des heures de travail ou des horaires inadaptés avec par exemple des jeunes mamans qui se retrouvent en difficulté pour faire garder des enfants. Des trajets très longs, surtout en zone rurale, avec peu d’indemnités kilométriques, 38 centimes par kilomètre, sont aussi facteurs de stress. J’ai entendu des paroles fortes, comme « En métropole, nous n’aimons pas nos aînés », ce qui montre un vrai malaise généré par le manque de moyens donnés à ces professionnels pour exercer leur métier correctement.
Un travail de reconnaissance accru sur ce métier doit aussi être mené. Pendant les débats est revenue l’idée que le métier d’aide à domicile est encore très mal connu et caricaturé, vu seulement comme « faire des ménages » chez les personnes âgées. Il existe actuellement un fonctionnement en tutorat où les nouveaux arrivants suivent les professionnels chez les bénéficiaires pendant deux jours pour apprendre le métier. Selon les professionnelles, c’est insuffisant pour prendre la mesure humaine et sociale de cette profession, avec de nombreux jeunes qui « rendent la blouse » au bout des deux jours.
Au milieu de tous ces constats, nous avons évoqué plusieurs pistes d’amélioration, parmi lesquelles :
- Mieux aménager les journées de travail pour en réduire la pénibilité
- Allonger la période de tutorat afin de montrer plus longuement le quotidien du travail et toute sa dimension humaine, afin de « faire aimer le métier »
- Consolider un système de validation des acquis de l’expérience avec une grille d’avancement cohérente qui offre une perspective d’évolution des carrières
- Réfléchir à un système de dotation horaire globale à mettre en place plus rapidement que ce qui est proposé dans la loi bien vieillir
Il faut que toutes ces mesures s’accompagnent obligatoirement de plus de financement. Les besoins sont énormes et ne vont cesser de s’accroître. Je me battrai à l’Assemblée Nationale pour faire remonter ces propositions de terrain et pour obtenir que les belles paroles autour du bien vieillir se transforment en actes. Nos aînés et les aides à domicile le méritent.