« Pour ma part, l’hypothèse de fermer une ligne d’urgence la nuit est inenvisageable »
De nombreux acteurs de la santé, élus locaux et citoyens de la circonscription s’inquiètent de la continuité de nos services hospitaliers à Villefranche de Rouergue et Decazeville ces prochaines semaines. Le 14 mars dernier, j’ai interpellé le Ministre de la santé ainsi que le Directeur de l’Agence Régionale de Santé tout en prenant l’initiative de plusieurs rencontres à ce sujet. Je souhaite donc partager des éléments d’information et ma position.
D’ores et déjà, des services se trouvent sous haute-tension et fonctionnent habituellement avec un recours important aux médecins intérimaires. C’est notamment le cas de la réanimation et des urgences à Villefranche de Rouergue et Decazeville et de la maternité à Villefranche de Rouergue.
Le rapport Ville préconise la fermeture des maternités pratiquant moins de 1000 accouchements (celle de Villefranche avec ses 500 naissances annuelles). Je m’oppose totalement à cette logique comptable hors-sol qui met en danger les territoires mais aussi les femmes des zones rurales qui devraient alors faire de trop nombreux kilomètres sur les routes pour accoucher, avec tous les risques et les angoisses que cela comporte.
Quand au CH de Decazeville, il se remet de l’incendie du mois de mai 2022 grâce aux efforts admirables du personnel soignant. Son laboratoire d’analyses médicales est menacé de fonctionner de manière restreinte à cause de l’impossibilité de compenser le départ à la retraite de sa biologiste cet été. J’ai demandé au Directeur du Groupement Hospitalier de Territoire de tout mettre en œuvre pour prendre en compte les propositions du personnel de Decazeville et préserver un laboratoire de plein exercice.
Plus généralement, la mise en œuvre de l’article 33 de la loi Rist au mois d’avril 2023 qui vise à plafonner les rémunérations des médecins intérimaires, entraine des risques de rupture de l’offre de soin.
Que ce soit à Villefranche ou à Decazeville, je félicite les équipes en place qui mettent tout en œuvre pour assurer le maintien de toutes les activités malgré les difficultés qui s’accumulent.
J’ai averti le Ministre : pour ma part, l’hypothèse de fermer une ligne d’urgence la nuit est inenvisageable. En effet, plusieurs milliers de personnes se trouveraient alors à plus d’une heure de route d’un service d’urgence, en rupture avec les principes d’égalité de traitement des citoyens qui fondent notre République et notre sécurité sociale. De plus, notre réseau de médecine libérale de proximité, dévoué mais en souffrance, n’est pas en situation d’absorber un tel choc.
Plutôt que de subir la fermeture, même temporaire, d’une ligne d’urgence, il est de la responsabilité du gouvernement d’activer les leviers nécessaires, y compris les réquisitions éventuelles pour assurer la permanence de l’offre de santé.
Différents outils existent également afin de redonner du sens aux carrières hospitalières et à l’aménagement du territoire en matière de santé, comme l’amélioration des conditions de travail, la nécessaire régulation de l’installation des médecins, l’astreinte possible des médecins pour les nuits et les week-ends.
Je ne doute pas que cette volonté de garantir à tous un accès égal et de qualité à la santé est largement partagée dans la population de la circonscription.
Je reste disponible pour toute initiative permettant d’œuvrer dans cette direction.