La situation d’instabilité institutionnelle du pays s’explique par l’entêtement d’E. Macron à poursuivre sa politique alors qu’elle a été sanctionnée dans les urnes à l’occasion des élections législatives. Cela fait perdre un temps précieux au pays alors que toute l’énergie devrait être consacrée à répondre aux besoins des Français et notamment à l’urgence sociale.
Le refus du Premier ministre F. Bayrou de se soumettre à un vote de confiance à l’Assemblée est inédit parmi les démocraties parlementaires. C’est pourquoi le vote de la motion de censure faisait office de vote pour ou contre le gouvernement et sa politique. J’ai voté la censure en conformité avec le programme électoral sur lequel j’ai été élu qui est incompatible avec le budget défendu par M. Bayrou ou encore avec les déclarations de M. Retailleau qui remet en cause l’Etat de droit. J’ai aussi voté la censure, comme l’essentiel des députés élus sous la bannière du Nouveau Front Populaire pour rester soudés et proposer une alternative à E. Macron.
Les députés du RN et la majorité de ceux du PS ont fait le choix de sauver M. Bayrou et M. Macron.
Pourtant, le budget de M. Bayrou sera le même que celui de M. Barnier, en pire. Il ne peut en être autrement car le nouveau gouvernement, en reprenant le même budget, empêche toute nouvelle mesure fiscale ambitieuse. Il n’y aura ni taxe sur les plus grands patrimoines, ni taxe sur les dividendes, ni taxe sur les grandes fortunes. C’est donc aux Français des classes moyennes et populaires que de nouveaux sacrifices sont demandés avec 15 milliards de coupes budgétaires supplémentaires dans les services publics.
M. Bayrou a annoncé des « concessions ». De quoi s’agit-il en réalité ? La plupart de ces annonces n’en sont pas tout simplement parce qu’elles avaient déjà été annoncées par M. Barnier avant la censure, ont déjà été votées au Sénat ou sont une conséquence de la censure du budget Barnier.
Par exemple, la revalorisation des pensions de retraites au niveau de l’inflation au 1er janvier est déjà effective. C’est une conséquence de la censure de M. Barnier, car elle a fait tomber le PLFSS qui prévoyait de reporter cette revalorisation pour moitié au 1er juillet. Ce n’est donc en rien une victoire issue d’une négociation.
Autre exemple, la suppression de 4000 postes d’enseignants. Elle était prévue dans le budget de Barnier, dont la chute a fait tomber cette mesure. J’ajoute qu’en novembre, les députés du NFP avaient obtenu le rétablissement de ces postes dans le budget de l’Education nationale, même si cela avait été supprimé du PLF transmis par M. Barnier au Sénat. Il s’agit d’une mesure consensuelle parmi une majorité de députés, il suffit donc de les laisser travailler.
Concernant les autres concessions, de quoi s’agit-il ?
« L’abandon du déremboursement des consultations médicales ». Cet abandon sera financé par la hausse du tarif des mutuelles. Ou comment reprendre d’une main ce que l’on donne de l’autre.
« La réduction des économies prévues sur les dépenses de Santé ». Elles devaient être initialement d’environ 5 milliards d’euros, mais seraient ramenées à 3,7 milliards d’euros. Il faudrait se féliciter d’économies massives sur les dépenses de santé ? Il manque plus de 4 milliards supplémentaires aux hôpitaux pour fonctionner correctement.
« 100 millions d’euros pour les maires bâtisseurs ». Plusieurs amendements de soutien bien plus importants aux communes avaient été votés en octobre à l’Assemblée Nationale mais n’avaient pas été repris dans le budget Barnier. De plus M. Bayrou prévoit toujours plus de 2 milliards de coupes dans les dotations aux collectivités.
Quant aux annonces de F. Bayrou au sujet des retraites, c’est une grande opération d’enfumage. Il n’accorde ni suspension, ni abrogation. C’est encore une obstruction contre la démocratie. Une majorité de Français et une majorité de parlementaires demandent l’abrogation de la retraite à 64 ans. Ce qui est en jeu, c’est donc le respect le plus élémentaire de la souveraineté populaire.
Il n’y aura donc aucune possibilité pour l’Assemblée Nationale de voter l’abrogation de la retraite à 64 ans. En effet, le Medef dispose d’un droit de veto qui empêchera que le retour à 62 ans soit présenté aux parlementaires.
Or, si des parlementaires voulaient amender un texte de loi sur les retraites issues de ces négociations, ils ne pourraient pas revenir sur l’âge de départ ou sur la durée de cotisation. En effet, leurs amendements seraient irrecevables car ils auraient pour conséquence de créer une charge financière (article 40).
Il n’y a donc ni avancées remarquables sur le budget, ni sur les retraites. Dès lors, la censure est une mesure de protection des Françaises et des Français face à une politique illégitime de régression sociale et de recul des services publics.
La pauvreté remonte en France. 250 000 licenciements sont annoncés. Les agriculteurs n’en peuvent plus. Les inégalités s’aggravent entre les territoires. Les services publics craquent de partout. La dette explose. La volonté de changement est profonde dans le pays. Il est urgent de changer de politique pour répondre aux besoins des Français et aux grands défis sociaux, économiques et écologiques.
Je continuerai à me mobiliser pour améliorer tout ce qui peut l’être dans les discussions budgétaires à venir et à porter les grandes problématiques de notre territoire rural.