J’ai voté la motion de censure. Et maintenant ?

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J’ai voté la motion de censure non pour faire tomber un homme mais le contenu d’une politique profondément injuste qui contournait la démocratie. Depuis 7 ans, cette politique a vidé les caisses publiques. Elle a multiplié les cadeaux fiscaux aux ultra riches au détriment de la vie d’une majorité de citoyens. Elle a reculé de deux ans l’âge de la retraite sans vote, contre l’avis d’une majorité de députés et de citoyens.

Il ne faut pas se tromper dans les responsabilités. C’est E Macron qui a provoqué une terrible crise politique en décidant une dissolution de l’Assemblée nationale, avant de refuser de tenir compte du verdict des urnes. Le vote des Français exprimait le vœu d’une politique plus juste et le refus de voir l’extrême droite gouverner le pays. Au contraire de ces deux exigences, E Macron a nommé un premier ministre avec la mission de continuer sa politique tout en recherchant l’assentiment du Rassemblement national. Ce choix a créé un grand malaise démocratique, d’autant que c’était le Nouveau Front Populaire qui disposait de la majorité sortie des urnes, même si elle était relative.

En début de semaine, M Barnier a engagé la responsabilité de son gouvernement par l’utilisation du 49-3 pour imposer un budget de la sécurité sociale minoritaire à l’Assemblée et source de nouvelles souffrances pour les Français. Ce PLFSS prévoyait notamment une
baisse des pensions de retraite en moyenne de 30 euros par mois, des coupes budgétaires pour l’hôpital et les Ehpad (alors qu’il manque 3,9 milliards rien que pour l’hôpital public avec des fermetures de lits et de services) ou encore l’augmentation du reste à charge pour les médicaments et les soins.

Quant au Projet de Loi de Finances, il baissait le budget de l’agriculture de 8%, supprimait 4000 postes d’enseignants, augmentait les taxes sur l’électricité et retirait 11 milliards aux collectivités territoriales. Comment laisser passer de tels choix qui ne sont partagés ni par une majorité de Français ni par une majorité de parlementaires ?

Au contraire, lors des débats budgétaires de ces dernières semaines, l’Assemblée nationale avait trouvé des majorités pour voter de nombreuses dispositions à l’initiative des députés Nouveau Front Populaire afin de dégager des recettes supplémentaires, en mettant à contribution les plus hauts revenus du pays, tout en préservant les classes moyennes et populaires. Nous avons prouvé qu’un autre budget était possible en dégageant 17 milliards rien que pour la Sécurité sociale. Nous avions également fait voter la suppression de la hausse de la taxe sur l’électricité, l’indexation des dotations aux collectivités sur l’inflation, une taxe sur les importations bovines, le rétablissement des 4000 postes d’enseignants, la création d’un corps de fonctionnaires pour les AESH, des crédits d’urgences pour les agriculteurs… 

Mais M Barnier a retiré ces mesures de son budget. Il a refusé tout compromis et a imposé son budget en ne tenant aucun compte des dispositions débattues et votées par les députés. Une démocratie parlementaire ne peut pas fonctionner de la sorte. La constitution prévoit que le gouvernement est responsable devant le parlement. Si le parlement estime que l’exécutif échappe à son contrôle et gouverne contre le peuple et ses représentants, il peut et doit faire tomber le gouvernement. Nous y sommes.

Le pays ne va pas s’effondrer. Il ne s’agit pas de semer le désordre mais au contraire de rétablir un fonctionnement démocratique et protéger les Français d’un budget injuste et illégitime. Cette censure implique que le PLFFS est rejeté. Par conséquent, les pensions de retraites augmenteront bien au 1er janvier selon l’inflation. Contrairement à plusieurs fakes news, les prestations sociales continueront bien à être versées. Il n’y aura pas de hausses d’impôts. Les lois déjà votées seront bien appliquées. Les textes en discussion continueront à l’être la semaine prochaine dans les commissions prévues à cet effet. L’Assemblée nationale ne sera pas à l’arrêt. Plusieurs solutions sont aujourd’hui dans les mains du président de la République mais aussi de l’Assemblée nationale pour que le fonctionnement institutionnel du pays ne soit pas bloqué et pour adopter un budget.

Soyons responsables. Que le président de la République le soit aussi. Il ne peut pas continuer à bloquer le pays. Le plus sage me paraît être qu’il nomme un gouvernement du Nouveau Front Populaire. Nous sommes prêts à gouverner et un tel gouvernement saura trouver des majorités, comme nous l’avons démontré ces dernières semaines, sur la base de mesures d’urgences voulues par les Français pour réparer le pays.

Je pense à l’opposition ferme au Traité UE-Mercosur, une fiscalité plus juste, l’abrogation de la réforme des retraites à 64 ans, la revalorisation des petites pensions, la régulation de l’installation des médecins pour résorber les déserts médicaux, un soutien à nos TPE/PME pour en finir avec des défaillances records, la relocalisation des activités industrielles stratégiques ou encore un plan d’urgence pour la ruralité et nos services publics.
Je garderai ce cap.

Laurent ALEXANDRE, député de l’Aveyron

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