Le monde agricole exprime sa colère depuis plusieurs mois. Les paysans souhaitent nourrir nos concitoyens avec des productions de qualité, vivre dignement de leur travail, et se voir protégés de la concurrence déloyale des produits à bas coût importés du monde entier.
La signature du Traité UE-Mercosur par la commission européenne est une trahison de nos intérêts agricoles. Malheureusement, E. Macron et le gouvernement ne se sont jamais opposés sérieusement à cet accord. La bataille contre sa ratification n’est pas terminée. Je continuerai à la mener avec tous les moyens dont je dispose.
Le vote de la motion de censure le 4 décembre suscite également un certain nombre d’interrogations et d’inquiétudes. Celles-ci sont légitimes, car beaucoup de promesses d’aides faites aux agriculteurs tardent à venir.
Cette censure dit que le monde agricole mérite mieux que la politique Barnier-Macron.
Le budget du gouvernement Barnier entendait couper le budget consacré à l’agriculture de 400 millions d’euros quand bien même la majorité des députés avait voté pour une augmentation de ce budget de 830 millions en commission. La censure empêche cette baisse des dépenses agricoles.
Je tiens à rassurer sur la mise en œuvre des prêts de trésorerie garantis par l’Etat. Ils ne dépendent pas du budget 2025, mais étaient programmés dans le budget 2024. Je souhaite leur déploiement le plus rapide.
Le projet de loi de finances 2025 comportait un certain nombre de mesures fiscales, certaines positives, dont le vote et la mise en œuvre sont repoussés de quelques semaines supplémentaires. Le groupe LFI-NFP soutiendra leur inscription dans la loi de finances 2025, et les votera. Je regrette certaines déclarations alarmistes et déraisonnables qui installent un climat anxiogène autour de cette censure. Le pays aura un budget pour fonctionner l’an prochain et je travaille à ce qu’il soit le plus juste et équitable possible.
Cette censure rappelle aussi au président Macron que la politique qu’il mène à Bruxelles depuis sept ans n’a fait qu’aggraver la fragilité de l’agriculture française face à la concurrence des fermes usines partout dans le monde.
Concernant le Traité UE-Mercosur, certains cherchent à faire croire que j’aurais voté pour. C’est évidemment faux. L’Assemblée nationale n’a jamais eu l’occasion de se prononcer sur cet accord. Le 26 novembre, il ne s’agissait pas de voter pour ou contre le traité mais pour ou contre les déclarations des ministres ce jour-là. Celles-ci étaient très ambiguës et laissaient entendre que la France pourrait accepter le Mercosur en cas de clauses miroirs, pourtant inefficaces. En cohérence j’ai donc voté contre ce double discours du gouvernement. Je n’ai de cesse de m’opposer à cet accord qui va détruire l’élevage français et sera particulièrement nocif pour l’élevage aveyronnais.
E. Macron a soutenu les négociations pour ce traité en 2019, qu’il qualifiait de « bon accord ». « Il faut évidemment conclure » cet accord, disait Olivier Betch en 2023, alors ministre macroniste du Commerce extérieur. Les macronistes ont laissé carte blanche à la commission européenne pendant des années pour mener ses manœuvres. Leurs députés européens, comme les LR, n’ont jamais voté contre l’accord Mercosur, contrairement aux parlementaires LFI qui s’y sont toujours opposés. Ces votes sont publics.
Les macronistes ne se sont réveillés que très tard, lorsque les agriculteurs se sont mobilisés. Stop. Il est encore possible de stopper cet accord si la volonté politique est vraiment là. L’heure est à la désobéissance vis-à-vis d’une commission européenne plus anti-démocratique que jamais.
Enfin, je continuerai à défendre des mesures fortes pour reconstruire une agriculture nourricière, souveraine, et rémunératrice :
- L’augmentation du budget dédié à l’installation-transmission.
- La revalorisation des retraites agricoles à hauteur du SMIC.
- La garantie de prix rémunérateurs, par l’encadrement des marges des industriels et de la grande distribution
- La protection de nos marchés face à toute concurrence déloyale
- La revalorisation des aides agroenvironnementales et un accompagnement véritable dans la transition agroécologique.
- L’anticipation réelle des crises sanitaires et des aléas climatiques, ainsi que des moyens nationaux adéquats pour indemniser les agriculteurs
J’ai toujours privilégié un dialogue franc et respectueux avec les représentants du monde agricole en Aveyron. Je rencontrerai les représentants de la FDSEA et des JA ce mardi et je propose aux autres organisations agricoles une rencontre dans les prochains jours. Je m’engage à faire remonter les questions, remarques et inquiétudes relatives aux aides agricoles à mes collègues Aurélie Trouvé et Eric Coquerel, présidente de la commission des affaire économiques et président de la commission des finances de l’Assemblée nationale.