Je reviens ici sur le vote de la loi asile et immigration à l’Assemblée Nationale au mois de décembre.
Lors de l’introduction de ce texte dans l’hémicycle, le11 décembre 2023, l’Assemblée nationale dont l’intégralité de la NUPES a infligé un camouflet à Gérald Darmanin en votant pour 270 voix contre 265 la motion de rejet préalable sur son projet de loi asile et immigration. Avec ce vote, le gouvernement s’est fait sanctionner par l’ensemble des oppositions après des mois de piétinement permanent du Parlement à grand renfort de 49.3. Le camp présidentiel a accusé les oppositions d’alliances contre-nature pour masquer son cuisant échec.
Mais les motivations qui ont présidé ce vote étaient profondément différentes et ne sauraient se confondre. Pour nous, députés de gauche et insoumis, il s’agissait de dire non à une loi non seulement inutile à l’heure où de nombreuses autres urgences politiques (précarité énergétique, inflation etc.) nous assaillent, mais également contraire aux valeurs républicaines les plus fondamentales, en stigmatisant gravement la dignité des personnes exilées. Pour les élus RN, il s’agissait avant tout de fustiger un texte qui n’était pas suffisamment raciste à leurs yeux.
Suite à cette motion de rejet, dans une démocratie fonctionnelle, le gouvernement aurait dû faire le choix de prendre acte de ce vote et retirer le texte, pour éventuellement proposer ultérieurement une version retravaillée en écoutant la voix de toutes les oppositions. Mais il a fait le choix de poursuivre à marche forcée le chemin législatif de ce texte, en convoquant une Commission Mixte Paritaire (CMP) réunissant à parité des députés et sénateurs pour proposer un autre texte avant les fêtes.
Résultat, le nouveau projet de loi asile et immigration qui a été présenté mardi 19 décembre au vote à l’Assemblée Nationale s’est retrouvé considérablement durci, et la majorité macroniste a commis une faute morale en concédant tant à l’extrême droite, alors que rien ne l’y obligeait.
Ce texte a ainsi obtenu une majorité absolue grâce aux voix du Rassemblement National, Marine Le Pen revendiquant même une « victoire idéologique ». Signe que de nombreuses lignes rouges ont été franchies, la majorité macroniste s’est fracturée. Un quart de leurs députés au total a voté contre ou s’est abstenu.
Le texte voté hier soir rompt avec des principes fondamentaux de notre République. Mise en cause du droit du sol, déchéance de la nationalité, attaques contre les étudiants étrangers, instauration d’une préférence nationale pour les prestations sociales… Concrètement, l’application de cette loi se traduirait par exemple par le fait de retirer des allocations familiales à des résidant étrangers en situation régulière qui pourtant travaillent et payent leurs impôts dans notre pays ! Ces mesures ont toujours été défendues par Jean-Marie Le Pen et l’extrême droite depuis 50 ans. Je n’accepte pas une telle bascule qui défigure notre pays.
Cette loi immigration approfondit la crise politique que traverse notre pays. Alors que de plus en plus de Français ont faim, ont froid, que d’autres seront seuls pendant les fêtes, à l’heure où les inégalités de richesses se creusent et où les services publics disparaissent de nos territoires,
notre pays mérite autre chose que de jeter l’anathème sur l’étranger.
Le Président Emmanuel Macron qui s’est exprimé le lendemain de ce vote n’a pas pris la mesure de la gravité de la situation. Lui qui s’est fait élire par deux fois sur la promesse de faire barrage à l’extrême droite est en train d’en devenir le marchepied. Il aurait dû prendre ses responsabilités de garant des institutions de notre République, en choisissant de ne pas promulguer ce texte. Il n’en a rien fait.
Cette situation impose d’en finir avec les divisions pour renouer avec l’espoir de 2022 permis par l’accord programmatique de la NUPES. Il n’est pas trop tard pour une liste unique aux européennes. Dans un contexte où plusieurs mesures du programme de l’extrême droite sont
mises en application par le gouvernement, cette union populaire, humaniste, sociale et écologique s’impose.