Les responsables des Restos du cœur de l’Aveyron ont récemment lancé un appel à l’aide car « ce sont plusieurs dizaines de millions d’euros qui vont manquer pour pouvoir absorber le flux de personnes ». Le président national des Restos indiquant également que « les digues sont en train de lâcher ».
Cet hiver, les Restos ont en effet accueilli 22% de personnes supplémentaires par rapport à l’hiver 2021-2022. En Aveyron, ce sont 47% de repas de plus servis par rapport à l’année dernière. C’est la hausse la plus massive et la plus rapide à laquelle l’association doit faire face depuis sa création il y a près de 40 ans. Cette année, l’association s’attend à servir 170 millions de repas, contre 140 millions l’année dernière.
Cette alerte fait écho à ce que je constate chaque jour dans l’Aveyron. Avec des prix de l’alimentation qui sont aujourd’hui 25% plus élevés qu’en janvier 2022, les gens se serrent la ceinture et ils sont de plus en plus nombreux à ne pas manger à leur fin. Avec 8 millions de personnes qui recourent à l’aide alimentaire et 11 millions de concitoyens qui vivent sous le seuil de pauvreté, les moyens pour enrayer la pauvreté et le budget pour l’aide alimentaire ne sont clairement pas à la hauteur de l’urgence. Pire, avec le gouvernement d’Elisabeth Borne, ce budget est en baisse.
L’Etat a en effet engagé 170 millions pour l’aide alimentaire en 2020 pour seulement 115 millions en 2022. Dans le Projet de Loi des Finance 2023, le gouvernement ne prévoit que 117 millions d’euros. Pour 8 millions de personnes à l’aide alimentaire, cela représente seulement 14 euros par personne et par an.
J’appelle le gouvernement à sortir de l’aveuglement sur la réalité de la précarité alimentaire et à répondre aux demandes des Restos.
Je rappelle également les propositions pour enrayer la précarité que je porte avec les députés LFI-NUPES et qui ont malheureusement été rejetées par le gouvernement avec la complicité du Rassemblement National :
– le blocage à la baisse des prix des produits de première nécessité
– la hausse du SMIC à 1600 euros nets et l’indexation des salaires sur l’inflation
– une allocation autonomie pour tous les jeunes en formation dès 18 ans
– le repas à 1 euro pour tous les étudiants
– une prime alimentation exceptionnelle de 50 euros/mois/personnes pour les ménages les plus modestes
Je veux aussi réagir au don de M. Bernard Arnault aux Restos du Coeur, à hauteur de 10 millions d’euros, qui a été abondamment relayé et chaudement applaudi par le gouvernement, notamment par Madame Aurore Bergé, Ministre des Solidarités, qui s’est rendue en personne assister à la remise de chèque de la famille Arnault aux Restos. Je tiens à rappeler que la fortune de M. Arnault s’élève actuellement à 200 milliards d’euros et qu’elle a été multipliée par 75 en 25 ans. Cette fortune a augmenté 4 fois plus sous le quinquennat Macron qu’en 20 ans auparavant.
Les 10 millions d’euros que donne M.Arnault pour les Restos ne représentent que 0,005% de sa fortune totale. Fortune qui échappe d’ailleurs largement à l’impôt. S’il est vraiment sincère dans sa volonté de contribuer à l’intérêt commun, que M. Arnault commence par ne plus se soustraire à la solidarité nationale et cesse de consacrer tant d’énergie à contourner l’impôt sur le revenu.
Plus généralement, ce don rappelle la nécessité de taxer le patrimoine des ultra-riches, qui apparemment ne demandent qu’à contribuer davantage au pot commun, et de renforcer la progressivité de l’impôt sur le revenu afin de mieux répartir les efforts et faire diminuer l’impôt sur le revenu pour 90% des gens.