La colère des agriculteurs est juste. Au moment où ils crient leur détresse, l’augmentation de 300 euros de l’enveloppe de Frais de mandat des députés est d’autant plus inopportune. Mon groupe parlementaire LFI-NUPES a été le seul à manifester son désaccord. 300 euros, c’est le revenu mensuel d’un tiers des agriculteurs.
Comme j’avais soutenu financièrement les caisses de grèves pendant le mouvement des retraites avec mon indemnité personnelle, je suis à l’écoute des besoins des paysans mobilisés pour les aider à leur tour.
En effet maltraités par des années de dérégulation des marchés, les agriculteurs crient leur détresse de ne pas pouvoir vivre dignement de leur travail. Le tragique accident d’Alexandra Sonac et sa fille, décédées mardi en Ariège, alors qu’elles se mobilisaient pour cette cause, en est d’autant plus insupportable. Que nos condoléances entourent leur famille et leurs proches.
Quelles sont les raisons de la dégradation des conditions de vie des agriculteurs ? Tout d’abord, l’insuffisance des prix payés aux producteurs par les distributeurs, qui ne permettent pas de couvrir des coûts de production en hausse et encore moins de dégager un revenu suffisant pour en vivre. Le gouvernement fait payer la facture de l’inflation aux producteurs d’un côté et aux consommateurs de l’autre. Depuis un an, les prix agricoles se sont effondrés de 10% quand les prix alimentaires flambaient de 10%. Dans le même temps, les marges des grandes entreprises agroalimentaires ont bondi : 45% de la hausse des prix résulte de la hausse des profits. Avec les députés LFI-NUPES, nous avons proposé à l’Assemblée le 30 novembre dernier une loi pour assurer des prix planchers pour les agriculteurs et d’encadrer les marges de la grande distribution. Elle a malheureusement été rejeté à six voix près en raison notamment de l’opposition des macronistes et de la faible mobilisation d’autres groupes.
Pire, le gouvernement soutient la multiplication des traités de libre-échange au niveau européen comme avec le Mercosur et la Nouvelle-Zélande, qui établissent une concurrence déloyale avec nos agriculteurs, notamment pour la viande et le lait. En pratique, ce sont des milliers de tonnes de marchandises détaxées ou presque qui entrent ou entreront sur notre sol.
Je propose une première mesure d’urgence au gouvernement : qu’il retire son augmentation du prix de l’électricité de 10% au 1er février. Cela évitera une nouvelle hausse des charges des agriculteurs et cela fera du bien à toutes les entreprises et aux ménages.
L’avenir de nos campagnes passe par une agriculture permettant aux producteurs de vivre de leur travail et de bénéficier d’une retraite digne, de bien nous nourrir tout en protégeant le vivant. Cela nécessite un protectionnisme écologique et social pour répondre à la crise qui applique notamment nos normes de production aux produits importés pour éviter la concurrence déloyale.
D’un point de vue budgétaire, je rappelle que les députés LFI-NUPES avaient fait voter 600 millions d’euros supplémentaires pour les aides agroenvironnementales et au bio en 2024. Le gouvernement a fait le choix de les supprimer en recourant à un nouveau 49-3.
La loi d’orientation agricole prévue pour les prochaines semaines, est sans cesse repoussée et rabougrie par le gouvernement. Je m’y impliquerai pleinement et suis disponible pour mener toutes les discussions utiles en Aveyron pour un modèle agricole justement rémunérateur